Des chrétiens et des Maures est le 5e tome de la saga des Malaussène de Daniel Pennac. Un tout petit 89 pages écrites en assez gros caractères.
Il vous faut savoir que la tribu Malaussène est constituée de nombreux frères et sœurs que l’ainé, Benjamin dit frère de famille, aura tous élevés. Tous de pères différents: leur mère disparait chaque fois qu’elle tombe amoureuse et réapparait la relation terminée et le ventre plein d’un nouveau membre de la famille.
Dans ce très court roman, le Petit, qui refuse de manger depuis près de trois jours, s’entête à dire: “Je préfèrerais mon papa.” Benjamin, affolé, y voit une métaphore du Bartleby de Herman Melville. Pas le choix, il faut trouver le papa du Petit, sinon il crèvera de faim. Pourtant, c’est impossible.
Je l’ai déjà dit, Pennac adore la mise en abyme et c’est ici tout le secret de la chose…
Des chrétiens et des Maures en extraits
“Je préférerais mon papa, répondit le Petit sans toucher à son potage.
Ce conditionnel présent hanta ma nuit.
Je préférerais.
Le Petit avait bien dit: “Je préférerais mon papa.”
J’ignorais que le mode d’un verbe pût vous glacer le sang. Ce fut bel et bien le cas. Pour une raison que je ne parvenais pas à m’expliquer, ce conditionnel présent emprisonna ma nuit dans un sarcophage de terreur. (Métaphore lamentable, je sais, mais je n’étais pas en état d’en trouver une meilleure.)” (p. 15)
PENNAC, Daniel, Des chrétiens et des Maures, Folio Gallimard, 1999, 96 p.