La ballade de l’impossible est un livre très mélancolique, mais immensément beau… Il raconte l’humain dans une histoire très simple, quoique tortueuse. Haruki Murakami a modelé des êtres, les a mis en relation, les a fait évoluer. Simplement. Le thème central en est la quête identitaire.
Watanabe, 37 ans, est rappelé à ses souvenirs par une chanson jouée dans un avion. Il se remémore l’année de ses dix-neuf ans, où il avait rencontré Naoko pour la première fois suite à la mort de leur ami Kizuki, à 17 ans. Un lien fort les unit, mais Naoko est fragile… Marqué par le suicide de son ami, Watanabe vit en marge des autres. Il étudie la littérature grecque presque par hasard, habite une pension pour jeunes hommes à tendance extrémiste et travaille un peu pour vivre. Il fréquente très peu de gens. À la pension, il n’a qu’un ami, tout aussi marginal que lui, à sa façon, puis il fait la rencontre de Midori, une fille bien singulière qui suit le même cours que lui.
Il me semble qu’il y aurait plusieurs choses à dire sur La ballade de l’impossible, pourtant elles ne me viennent pas. Elles sont restées emmurées dans la mélancolie du livre. Peut-être parce que celui-ci nous aspire. Je dirai donc simplement qu’une lecture plus joyeuse est nécessaire ensuite pour nous ramener à nous. Quelque chose comme Mamie gangster…
La ballade de l’impossible au cinéma
Ils ont fait un film, dernièrement, à partir de La ballade de l’impossible. Au cours de ma lecture, je me suis bien demandé comment ils avaient fait: les actions ne sont liées qu’à la relation qui existe entre les personnages. La ballade de l’impossible est un roman psychologique. Le résultat ressemble à ce que j’avais imaginé: un film lent et contemplatif qui rend assez bien l’histoire, mais sans qu’elle ait le même impact. Il faut dire que le fait de l’avoir visionné en japonais sous-titré anglais laissait une plus grande distance entre les images et moi. Toutefois, j’ai pris plaisir à observer les paysages japonais. N’empêche, il vaut mieux lire le roman.
Voici la bande-annonce (sous-titrée français).
La ballade de l’impossible en extraits
“Je ne l’avais pas revue depuis près d’un an. Durant cet intervalle, elle avait maigri au point qu’elle n’était plus la même. Ses joues rondes si caractéristiques avaient fondu, son cou s’était affiné, mais on ne la sentait ni décharnée ni malade. Sa façon de maigrir semblait naturelle et tranquille. On avait l’impression que son corps s’était réduit de lui-même, à trop vouloir se glisser à l’intérieur d’une cachette trop exiguë.” (p. 32)
“As-tu déjà fait pousser des pastèques? Elles grandissent comme un petit animal.” (p. 140)
“Tu sais, je comprends. Parce que je suis issue du peuple. Qu’il y ait une révolution ou non, le peuple n’a rien d’autre à faire qu’à continuer sa petite vie de pas grand chose. C’est quoi, la révolution? Cela change seulement le nom de la mairie.” (p. 279)
“—Dis-moi des choses encore plus chouettes.
—Je t’aime beaucoup, tu sais, Midori.
—Comment ça, beaucoup?
—Je t’aime comme un ours au printemps.
—Un ours au printemps? (Midori leva encore une fois la tête.) Qu’est-ce que tu veux dire en parlant d’ours au printemps?
—Eh bien, tu marches toute seule dans une prairie au printemps, et tu vois arriver en face de toi un joli petit ours avec une fourrure douce comme du velours et des petits yeux ronds. Et il te propose de rouler dans l’herbe avec lui. Alors, vous vous amusez toute la journée dans le trèfle à flanc de colline, dans les bras l’un de l’autre. C’et chouette, non?
—Très chouette.
—Eh bien, c’est comme ça que je t’aime.” (p. 355)
MURAKAMI, Haruki. La ballade de l’impossible, 10/18, 2009, 448 p.