Le chat qui venait du ciel de Takashi Hiraide est un court roman empreint de joliesse et de délicatesse dans lequel l’auteur raconte le passage du chat Chibi dans sa vie. Un livre simple, sans grande action, mais qui nous transporte (c’est le mot) dans le quotidien d’un jardin, d’un chat, d’un couple.
J’aime beaucoup les romans contemplatifs, car ils me donnent le sentiment d’être là, à réfléchir avec l’auteur et à m’imprégner de ce monde qu’il tente de me transmettre. Encore plus quand ils s’inscrivent dans une autre culture et me la font ainsi découvrir, en toute simplicité, par clins d’œil. Le chat qui venait du ciel est un roman largement autobiographique. Takashi Hiraide y raconte sa vie dans le pavillon sis dans un grand jardin que sa femme et lui ont eu la chance d’habiter, et comment le chat Chibi a fait apparition dans leur vie. Un petit chaton, décrit comme étant tout particulier, est un jour venu et a été adopté par la famille d’à côté. Bientôt, il s’est mis à jouer dans le jardin puis à rendre des visites au couple. Jamais il ne miaulait, jamais il ne se laissait toucher. Toutefois, il avait ses habitudes. Bientôt, il entra dans le pavillon, dormit dans le placard et rythma le quotidien du couple. Ce couple formé de deux auteurs admirait l’animal avec les yeux de la poésie. Takashi Hiraide en a fait un roman.
Le chat qui venait du ciel en extraits
“Après avoir joué tout son saoul, Chibi a pris l’habitude de revenir dans la maison pour se reposer. La première fois qu’il s’est endormi chez nous, posé comme une perle sur le canapé où il dessinait une virgule, la maison tout entière a été plongée dans une joie profonde, comme en face d’une scène concevable seulement dans les rêves.” (p. 18)
“Les animaux, les chats par exemple, ont chacun leur caractère, ce qui est plus intéressant que de les mettre tous à la même enseigne. C’est ça qui est remarquable, a-t-elle ajouté.
« Pour moi, Chibi est un ami qui me comprend, un ami qui a l’apparence d’un chat. »
Et l’observation exempte de sentimentalité est la meilleure façon d’aimer. Elle m’apprit que c’était une maxime énoncée par quelque penseur. Apparemment, ma femme notait sur un grand cahier les faits et gestes de Chibi au jour le jour.” (p. 42)
“Voici ce qui se passa un jour d’été. En pleine nuit, alors que tout le monde était déjà endormi, il se mit à courir avec bruit, chose qui ne lui arrivait jamais. Il avait sauté sur la table que nous avions déplacée près de la fenêtre pour installer les futons et s’accrochait à la moustiquaire de la porte vitrée restée ouverte, quand je fus pour de bon réveillé par ce raffut anormal.
Tout en haut, le ventre plaqué contre la moustiquaire comme une salamandre, il tendait le cou pour tenter d’apercevoir sa maison de l’autre côté de la palissade. Même dans son désarroi, il n’émettait pas le moindre miaulement. Ma femme finit par comprendre que l’issue était fermée. La veille, il était passé par l’entrée, contrairement à son habitude, et nous avions commis l’étourderie de laisser fermé le passage qui lui était réservé. Depuis ce temps-là, nous appelions cette posture de Chibi « l’appel du pays natal », et il nous est souvent arrivé d’évoquer cette attitude qu’il n’est pas courant d’observer chez le commun des chats.
Décidément, ce chat n’était pas notre chat. Ma femme fut obligée d’en convenir une nouvelle fois.” (p. 64)
“D’où vient ce désir de se rendre à l’endroit où un corps a été mis en terre? Comme si on voulait s’assurer que cette présence perdue à jamais, cette absence devenue irrémédiable, est celle d’un être précieux et irremplaçable, dont un mécanisme psychologique fait qu’on veut lui rester lié par le biais d’une autre dimension.” (p. 84)
HIRAIDE, Takashi. Le chat qui venait du ciel, Picquier poche, Arles, 2006, 130 p.