Le journal de Bridget Jones de Helen Fielding est léger, relax, divertissant, plein de ridicule et de passages tordants. On n’en attend pas moins de ce livre quand on a vu le film. Un film franchement réjouissant, il faut le dire.
Le journal de Bridget Jones, d’abord publié dans les colonnes des quotidiens The Independent et The Daily Telegraph, raconte l’histoire d’une célibataire d’une trentaine d’années, désespérée de trouver l’homme de sa vie avant que l’âge emporte toutes ses chances. Complexée, gaffeuse, indisciplinée… elle se met constamment dans des situations qui nous prouvent à tous que le ridicule ne tue pas; il fait seulement honte. Helen Fielding s’est largement inspirée d’Orgueil et préjugés (1813)de l’auteure anglaise Jane Austen. Elle y a calqué le triangle amoureux qui unit Bridget à Daniel Cleaver et à Mark Darcy sur celui qui unit Élizabeth, Fitzwilliam Darcy et George Wickham dans Orgueil et préjugés. Elle va même jusqu’à donner à Mark Darcy le patronyme de Fitzwilliam Darcy ainsi que ses principaux traits de caractère. Tout comme Élizabeth dans Orgueil et préjugés, Bridget se méprend sur Darcy qu’elle trouve prétentieux et hautain; elle découvrira plus tard que ce n’était qu’un préjugé.
Le journal de Bridget Jones au cinéma
Sharon Maguire a tiré en 2001 une adaptation libre du Journal de Bridget Jones de Helen Fielding. Le film reprend les grandes lignes du livre et rend fidèlement l’essence des personnages, même si de grandes libertés ont été prises quant au scénario. Cela s’explique en partie au fait que le film tente de pasticher – plus encore que le roman de Jane Austen lui-même pastiché par Helen Fielding – la télésérie anglaise qui en a été inspirée (1995) dans laquelle Colin Firth interprète le rôle de Fitzwilliam Darcy. La réalisatrice du Journal de Bridget Jones pousse le pastiche jusqu’à choisir Colin Firth pour jouer le rôle de Mark Darcy. La scène du lac dans le film de Bridget Jones n’est ainsi pas tirée du roman éponyme mais de la télésérie Orgueil et préjugés à laquelle elle fait un clin d’œil… Dans le livre, le personnage de Bridget évoque les acteurs Colin Firth et Hugh Grant, ayant tous deux joué dans des adaptations des romans de Jane Austen. Sharon Maguire leur donne ici les deux rôles masculins principaux. La boucle est bouclée!
Le journal de Bridget Jones en extraits
“Autre sujet de tracas: comment fêter mon anniversaire? Vu taille appartement et compte en banque, hors de question organiser vraie soirée. Un dîner? Pour passer journée à m’escrimer et haïr tous les invités au moment où ils arrivent? Non. Proposer aux copains une sortie au resto? Pour me sentir coupable d’obliger tout le monde à payer une addition salée sous prétexte anniversaire ma petite personne? Pas question. Inviter tout le monde? Pas les moyens. Oh! là! là! Que faire? Si seulement j’étais pas née mais soudainement apparue à la face du monde, genre Jésus en un peu différent, n’aurais pas à me tracasser sujet anniversaire. Profonde compassion pour Jésus. Doit – en tout cas, devrait – être très gêné par cirque obligatoire autour anniversaire depuis deux mille ans, dans majeure partie du globe.” (p. 91-92)
“À onze heures et demie, je n’y tins plus. Sac sous le bras, je suis descendue aux toilettes deux étages plus bas. Si on entend un bruit suspect de papier déchiré, ce ne sera pas quelqu’un qui me connaît. pour je ne sais quelle raison, tout ça m’a mise dans une rage folle contre Daniel. Pourquoi devrais-je assumer seule ces responsabilités? Dépenser 8,95 livres, pour me cacher dans les chiottes et m’efforcer de pisser sur un bâton?” (p. 132)
“Quand je suis sortie du bain, Daniel était allongé sur le lit, et rigolait.
— Je t’ai trouvé un nouveau régime, a-t-il dit.
— Donc, tu me trouves grosse.
— Je t’explique, c’est simple comme bonjour. Tout ce que tu as à faire, c’est de ne jamais manger quoi que ce soit que tu payes toi-même. Au début du régime, tu es grassouillette, personne ne t’invite à dîner. Donc, tu maigris, tu deviens une créature tout en jambes, décharnée, à l’air intéressant. On t’invite souvent au restaurant.Tu regrossis, les invitations se tarissent, et tu recommences à maigrir.
— Daniel! Je n’ai jamais rien entendu de plus grossier, de plus cynique, de plus sexiste!
— Allez, Bridge, je ne fais que suivre ta propre logique. Je me tue à te répéter que personne n’aime les sacs d’os. Les hommes aiment les derrières rebondis où l’on peut garer son vélo et poser son verre de bière!
J’étais déchirée entre une abominable image de moi avec un vélo garé dans le derrière et un verre de bière en équilibre dessus, et une colère noire contre Daniel et son sexisme provocateur et arrogant.” (p. 176-177)
FIELDING, Helen. Le journal de Bridget Jones, J’ai lu