Cherchant le divertissement dans des lectures plus légères, je n’ai pu résister à faire l’achat de ce livre jeunesse lorsque je l’ai aperçu sur les rayons. La facture visuelle de Le mystérieux cercle Benedict de Trenton Lee Stewart est attirante et la quatrième de couverture bien intrigante:
“Tu es un enfant?
Tu possèdes des aptitudes exceptionnelles?
Tu souhaites vivre une expérience unique?
Quand cette annonce paraît dans les journaux, des dizaines d’enfants se présentent pour participer à une série de tests tous plus saugrenus les uns que les autres. Seuls quatre candidats sont sélectionnés. Ils font la connaissance de l’étrange recruteur, Mr Benedict, qui leur confie ses plans: ils doivent infiltrer une pension dirigée par un savant mégalomane soupçonné de contrôler les esprits de ses élèves. Mr Benedict leur donne un seul conseil: se serrer les coudes. Le Mystérieux Cercle Benedict est né!”
Le mystérieux cercle Benedict, ce sont 529 pages qui se lisent très rapidement. Toutefois, j’ai été déçue par ce best-seller dont deux autres tomes sont attendus dans la prochaine année. D’accord, je ne suis sans doute pas le public cible. N’empêche. Le livre contient de belles trouvailles, mais il manque de profondeur pour permettre au lecteur (du moins le lecteur adulte) d’y croire. Les personnages, peu développés, se sont vus attribuer chacun des caractéristiques qui ne reposent sur aucun vrai fondement, ce qui les rend peu crédibles. C’est comme des robots qui auraient été programmés pour faire telle ou telle chose. À l’opposé, les actions ne sont pas non plus assez développées pour entretenir le mystère. Bref, c’est dommage, car bien que le roman plaira sans aucun doute à un public de 8 à 14 ans (mon estimation), ces lacunes l’empêcheront de gagner un public plus élargi.
Enfin, je dois admettre que, malgré ma déception, je n’ai eu aucune difficulté à terminer le livre, qui se lit comme un charme bien qu’il ne charme pas complètement…
Le mystérieux cercle Benedict en extraits
“Bien entendu, vous pouvez apprécier de regarder une émission de temps à autre, ou d’écouter un programme à l’occasion, mais vous conviendrez qu’en général vous n’aimez pas ça. C’est parce que votre intelligence, qui refuse d’être dupée, cherche à éviter d’être exposée aux messages.” (p. 117)
“À l’intérieur, un Officier dégingandé se tenait devant une trentaine d’élèves attentifs auxquels il faisait répéter un texte:
«Le libre-échange doit toujours être parfaitement libre.»
«Le libre-échange doit parfois être contrôlé.»
«Le libre-échange doit être assez libre pour parfois contrôler sa propre liberté.»
«Le libre-échange doit être assez contrôlé pour parfois se libérer.»
«Le libre-échange…»
— Bon sang, qu’est-ce qu’ils racontent? demanda Sticky.
— Oh, c’est la «Routine du libre-échange», expliqua Jackson. Un exercice de base. Vous l’aurez apprise en un rien de temps.” (p. 191)
“ — À vous entendre, on dirait qu’il n’y a aucune règle ici, remarqua Sticky.
— C’est vrai, George, répondit Jillson. Pratiquement aucune. Vous pouvez vous habiller comme vous voulez, pourvu que vous ayez un pantalon, une chemise et des chaussures. Vous pouvez faire votre toilette aussi souvent que vous voulez, ou jamais, du moment que vous êtes propres pour aller en classe. Vous pouvez manger ce que vous voulez, et quand vous voulez, durant les heures d’ouverture du réfectoire. Le soir, vous pouvez éteindre aussi tard que vous voulez avant dix heures. Et vous pouvez vous promener où vous voulez dans l’enceinte de la Pension, tant que vous ne quittez pas les allées et les couloirs à la bande jaune.
— À vrai dire, intervint Reynie, tout cela ressemble beaucoup à un règlement.
Jackson le foudroya de ses yeux de glace.
— Comme c’est ton premier jour ici, Reynard, je ne m’attends pas à ce que tu comprennes, mais c’est une des lois de l’existence que tu apprendras à la Pension: bien des choses qui ressemblent à des règles n’en sont pas, et on a toujours l’impression qu’il y a plus de règles qu’il n’en existe en réalité.” (p. 193)
STEWART, Trenton LEE. Le mystérieux cercle Benedict, Bayard jeunesse, 2013, 530 p.