Lettres à mon ami américain

J’avais hâte de lire Lettres à mon ami américain que m’ont offert les éditions Prise de parole l’automne dernier. Je les en remercie et m’excuse en même temps de ce retard outrageux dans mon calendrier de lecture. Le livre, préparé par Benoit Doyon-Gosselin, contient toute la correspondance retrouvée  du poète acadien Gérald Leblanc à son ami américain Joseph Olivier Roy, lui aussi de descendance acadienne. Continue reading « Lettres à mon ami américain »

Champion et Ooneemeetoo

Une des choses que j’apprécie du contrat que je fais pour le Regroupement des éditeurs franco-canadiens, c’est qu’il me fait découvrir des ouvrages dont j’ignorais l’existence. Parmi ceux-ci, une traduction de Kiss of the Fur Queen, réalisée par Robert Dickson et publiée aux éditions Prise de parole sous le titre Champion et Ooneemeetoo. Ce livre de l’auteur cri Tomson Highway est un roman grandiose qu’on devrait, à mon avis, se faire un devoir de lire afin de connaitre un aspect souvent occulté de notre culture canadienne, celui de nos relations avec les Premières Nations et de leur apport culturel. Continue reading « Champion et Ooneemeetoo »

Oubliez

On a récemment soumis à mon attention un recueil de poésie paru chez Prise de parole en 2017, Oubliez, de Sylvie Bérard. Ce court livre de 78 pages a remporté le Prix de poésie Trillium en 2018. Comme son titre le laisse présager, il aborde le thème de l’oubli. Les deux angles sous lesquels le thème est traité rendent le recueil plutôt intéressant. On y rencontre d’abord l’oubli volontaire, celui que l’on tente à la fin d’une relation amoureuse. Puis survient en deuxième partie l’oubli involontaire dû à la maladie. Continue reading « Oubliez »

Pierre, Hélène & Michael – Cap Enragé

J’ai découvert Herménégilde Chiasson pour la première fois lorsque je suis allée aux Correspondances d’Eastman en 2015. Plus tard, j’ai eu la chance d’assister à un atelier d’écriture qu’il a animé à Québec, mais je n’avais rien lu de lui avant cette année. Le premier texte de sa plume que j’ai découvert est publié dans Sur les traces de Champlain, et m’a laissée un peu dubitative. Il y présente une entrevue fictive avec Samuel de Champlain en jouant sur les anachronismes. C’est intéressant, mais cela ne m’a pas autant charmée que les deux pièces de théâtre dont je viens de faire la lecture: Pierre, Hélène & Michael et Cap Enragé. Continue reading « Pierre, Hélène & Michael – Cap Enragé »

Vieille école

Un Noël, mon frère et moi avons reçu un Super Nintendo et ça a probablement été le plus beau Noël de ma vie. Possiblement le pire pour ma cousine parce qu’après ça, j’ai juste voulu jouer au Super Nin toute la soirée et elle, elle s’en foutait pas mal, de Mario. Pendant des années les seules cassettes que j’ai eues étaient Super Mario World et Mario Paint (le plus cool, c’est le jeu de tapette à mouches), puis un peu plus tard Mario Kart. Et quand j’allais au dépanneur pour louer une cassette, c’était toujours Mario quelque chose. Pendant toutes ces années-là, j’ai dessiné à peu près tous les personnages de Super Mario World dans mes temps libres en plus d’écrire des histoires de Yoshi. Dans le jeu, il y en a de quatre couleurs, et je leur avais donné des noms quand je jouais: Yochéri (vert), Ychi (jaune), Yofroid (bleu) et Yochaud (rouge). Ça, c’est parce que je ne savais pas ce que je sais aujourd’hui grâce à un livre qui n’a rien à voir avec le Nintendo, que Yoshi, ça veut dire « vas-y ».

Quand j’ai finalement eu Mario All Stars avec les quatre Mario dedans, j’étais adolescente et j’avais désormais une petite télévision (genre 10-12 pouces) dans ma chambre. J’ai fait le tour des jeux bord en bord y compris The Lost Levels. C’est vous dire le nombre d’heures de persévérance et d’enthousiasme que j’ai mises dans mon épopée Nintendo. Aujourd’hui, j’ai une Wii U, un Nintendo 64, une NES  classique et une Super NES classique et je joue encore très souvent à Mario et à Yoshi. Mais ces derniers temps, je trippe ma vie avec EarthBound sur ma SNES classique (un cadeau de fête parfait). Et ça m’a vraiment donné le gout de lire Vieille école d’Alexandre Fontaine Rousseau, même s’il traite seulement de la NES.

C’est évident que je n’ai pas encore besoin de m’acheter une Switch. Continue reading « Vieille école »

Le grand détour pour traverser la rue

J’ai été à la fois charmée et agacée par Le grand détour pour traverser la rue, du primoromancier Alain Savary. Pourtant, l’agacement ressenti m’a semblé sain et est plutôt entré en dialogue avec la lecture que je faisais du livre. Celui-ci provoquait chez moi des réactions qui me laissaient parfois dubitative, comme si j’étais à la fois en accord et en désaccord avec le propos de l’ouvrage ou le ton employé par l’auteur. Soyons claire. Le grand détour pour traverser la rue est un bon roman. Le lecteur traversera ses 125 pages en y faisant toutes sortes de petites trouvailles et il réfléchira, sans doute, aux affirmations que fait le personnage sur différents sujets. Là réside pour moi le point fort du livre: il amène des idées. Qu’on y adhère ou non, celles-ci provoquent des réactions, stimulent la pensée et parfois, comme chez moi, des émotions contradictoires. Continue reading « Le grand détour pour traverser la rue »

Le porto d’un gars de l’Ontario

Avec Le porto d’un gars de l’Ontario, Patrice Gilbert signe son premier roman. Celui-ci met en scène le personnage de Gratien Beauséjour, né en 1940.  Issu d’une famille de classe moyenne de Saint-Michel-des-Saints, le jeune Gratien décide, dès l’âge de 15 ans, de briser la chaine des traditions familiales pour prendre en main son destin. D’abord campée dans l’époque de Maurice Duplessis, dans la maison familiale puis dans la réalité des camps de bucherons, l’histoire se déplace vers les mines de l’Abitibi et de l’Ontario à mesure que s’installent la Révolution tranquille et les aspirations de Gratien Beauséjour. Continue reading « Le porto d’un gars de l’Ontario »

Metaphors We Live By

C’est en écoutant une très intéressante conférence TED (voir la dernière partie de cet article) que j’ai découvert l’existence de l’ouvrage Metaphors We Live By. Coécrit par le linguiste George Lakoff et le philosophe Mark Johnson, cet ouvrage, paru pour la première fois en 1980, veut faire la preuve d’une corrélation directe entre la façon dont on perçoit la réalité et les métaphores langagières qu’on utilise pour la décrire. Le sujet est fascinant et de nombreux exemples permettent de montrer comment les mots peuvent former à la fois des lunettes et des œillères. Continue reading « Metaphors We Live By »

Gaucher.ère contrarié.e

Gaucher.ère contrarié.e est le premier roman de l’auteur.e torontois.e V.S. Goela. Paru aux éditions L’Interligne en ce début d’année 2019, ce livre de 155 pages a déjà fait beaucoup parler. D’abord, parce qu’une aura de mystère plane autour de l’auteur.e. Mais qui est V.S. Goela? Le choix des initiales cache son genre, et on peut croire que la personne ne s’identifie à aucun des deux sexes ou encore qu’elle s’amuse à ébranler nos repères. Quoi qu’il en soit, la lecture du livre démontre très vite que ce choix n’a rien de hasardeux. Une démarche idéologique sous-tend l’écriture et ouvre la porte à la réflexion. Continue reading « Gaucher.ère contrarié.e »

L’homme qui venait de nulle part

Je ne connaissais pas Gilles Dubois avant de me voir proposer cette lecture. Paru à l’automne 2018, L’homme qui venait de nulle part est un roman qui appartient au genre fantastique/fantasy. Construit selon une formule de mise en abyme, il raconte en première couche l’histoire de Hidalgo Garcia. Ce dernier hérite de son cousin Jerry une maison antique et un carnet contenant un récit intrigant. Celui-ci a été relaté par Jerry à la suite d’une rencontre dans un parc. Un homme prénommé Al s’y trouvait sur un banc, confus, une histoire abracadabrante de voyage dans le temps à raconter. Ce récit forme la deuxième et plus épaisse couche du roman. Continue reading « L’homme qui venait de nulle part »