Je n’ai pas lu Arvida. Ma connaissance de Samuel Archibald se résumait assez bien, il y a deux semaines encore, à ce qu’en ont dit les médias dans la dernière année. Enfin… Ayant participé au Prix littéraire Damase-Potvin, j’ai été invitée à rencontrer ledit auteur vendredi dernier. De passage en librairie, je suis tombée sur Quinze pour cent, novella que je me suis procurée pour me préparer à cette rencontre. Je voulais avoir une idée du style d’Archibald, de ses sujets, de ses façons de faire.
Quinze pour cent est une nouvelle policière au style d’emblée masculin. Je n’aime pas formuler ce genre de commentaires qui m’apparaissent stéréotypés mais, après tout, il faut bien dire les choses telles qu’elles sont. J’ai apprécié le style, les phrases, l’aspect intelligent de l’écriture; je n’ai pas détesté non plus lire une histoire qui se déroule dans la région. Ça m’a plu, même si, je dois l’admettre, le policier n’est pas un genre qui me colle à la peau ces derniers temps.
L’histoire de Quinze pour cent se déroule entre le Saguenay, où un double meurtre a été commis, et les environs de Québec où doit se rendre l’inspecteur-chef Leroux pour son enquête. Épaulé par un collègue aux façons de faire et à l’entourage plutôt louches, il boucle son enquête, un élément à la fois.
Et Samuel Archibald? Immensément sympathique et plutôt généreux de sa personne, il pourrait m’avoir donné envie de plonger plus avant dans son écriture. Peut-être, un jour, ferai-je le plongeon dans Arvida ?
Quinze pour cent en extraits
“Il n’y avait pas cinquante-six mille façons de le dire: il n’avait pas l’air heureux. Dans le bungalow de leurs parents, les enfants de la banlieue traînent leur spleen, s’habillent de noir, se teignent les cheveux en noir et se noircissent le tour des yeux. Mais le vrai désespoir est inimitable. Gagnon jetait constamment des regards par-dessus son épaule, comme si, même à pied, son environnement en entier était composé d’angles morts. Il avait les cheveux blond fade avec les yeux bleu pâle. Il était maigre comme un clou avec les muscles qui affleuraient à la surface de la peau, au milieu d’une constellation de petits tatouages délavés qui n’avaient rien à voir avec les manches à mille piastres que se font faire les bums de bonne famille avant d’aller se huiler les pectoraux et les biceps à la plage gouvernementale.” (p. 31)
ARCHIBALD, Samuel. Quinze pour cent, Le Quartanier, Montréal, 2013, 67 p.