Je l’admets, je choisis parfois les films de mon cinéclub en fonction de la longueur des œuvres dont ils ont été inspirés. Pas le temps de lire une brique (surtout que, choisies pour les élèves, elles ne correspondent pas toujours à mon genre de lecture)? J’opte pour un texte plus court, comme Sleepy Hollow. La légende du Cavalier sans tête de Washington Irving. Soixante pages qui se lisent très bien, soixante-dix-neuf si on inclut les notes et les explications (dont je raffole).
Sleepy Hollow est une nouvelle centrée sur le personnage d’Ichabod Crane, instituteur sans domicile fixe du Val Dormant. Il s’y est arrêté un jour dans le but “d’instruire les enfants des environs” (p. 12) et est logé d’une semaine à l’autre chez les parents de ceux-ci:
“Après les heures de classe, il était souvent le compagnon de jeu des plus grands, et les après-midis fériés, il aimait à escorter jusqu’à la maison certains des plus petits, surtout s’ils avaient la chance d’avoir des sœurs jolies ou si leur mère était de ces excellentes ménagères aux talents culinaires reconnus. En fait, il était dans son intérêt de rester en bons termes avec ses élèves. Les revenus qu’il tirait de son école étaient maigres, et n’auraient sans doute pas suffi à lui gagner son pain quotidien, car c’était un très gros mangeur, et, bien que squelettique, il avait la faculté de se dilater comme un anaconda. Toutefois, afin que sa subsistance soit assurée, il était logé et nourri par les fermiers dont il instruisait les enfants, selon la coutume en vigueur dans ces campagnes. Ainsi passait-il à tour de rôle une semaine chez chacun d’eux, faisant la tournée du voisinage, transportant tous ses effets personnels serrés dans un grand mouchoir de coton.” (p. 13-14)
Cet extrait donne en partie le ton du livre: centré sur le personnage, descriptif et non dénué d’humour. On décrit le Val Dormant comme un lieu de songe, où quiconque le fréquente s’éprend de merveilleux. Ainsi différentes histoires de fantômes et de lutins sont-elles racontées, dont celle du Cavalier sans tête.
C’est une nouvelle sans grande action, plutôt axée sur l’ambiance et la construction du personnage, tellement que les deux premiers tiers font plus croire au début d’un roman qu’à une nouvelle. L’histoire se boucle pourtant à partir des éléments qui ont été mis en place tout du long et laisse le lecteur sur une fin ouverte, le narrateur suggérant quelques interprétations.
Sleepy Hollow au cinéma
Je crois que je n’avais jamais vu ce film de Tim Burton, proposé par un élève dans le cadre du cinéclub. Je l’ai donc découvert en même temps que les autres. Si les élèves ont adoré, personnellement, j’ai été moins captivée. C’est un bon film, bien fait mais, à mes yeux, il ne sort pas de l’ordinaire. Ça ressemble à du Burton, ça ressemble à du Johnny Depp.
Burton s’est inspiré de la nouvelle de Washington Irving, mais a construit une toute nouvelle histoire, ce qui n’est pas une mauvaise chose. D’instituteur dans la nouvelle, Ichabod Crane devient policier dans le film. Le texte d’ambiance devient un film où s’enchainent les actions.