Des explosions

Si vous ne connaissez pas Michael Bay, vous connaissez sans doute l’un de ses films ou en avez entendu parler pour leur propension à mettre en scène des explosions de toutes sortes. Le réalisateur fait dans les effets spéciaux et le style hollywoodien, et a donc la réputation de faire des films attirant un public de jeunes garçons. Mais si le réalisateur était un incompris? Et si des œuvres telles que Armageddon ou Bad Boys étaient le fruit d’une réelle et profonde réflexion philosophique? C’est la prémisse (largement ironique) à partir de laquelle Mathieu Poulin a travaillé pour réaliser ce roman de 318 pages ayant pour protagoniste un Michael Bay très attristé par le manque de vision des critiques.

Des explosions Mathieu Poulin Ta mère Michael Bay

Biographie fictive, Des explosions relate la vie du cinéaste à compter de ses jeunes années, mais se concentre surtout sur sa période professionnelle. Michael, révolté que ses parents adoptifs lui aient caché ses origines, a rompu tout lien avec eux. Il a aussi perdu contact avec son grand ami de l’époque de l’université. Bien qu’il excellait dans le domaine théorique, Michael a choisi de s’exprimer à travers la création, ce qui en fait un incompris du domaine universitaire. Il a pour mentors Don Simpson et Jerry Bruckheimer, deux grands producteurs de cinéma d’action spectaculaire. Sous leur aile, il réalise des films pour grand public qui cachent un discours profond, malheureusement  jamais saisi par la critique: « discours de la décolonisation dans Bad Boys ou  zone de friction dans l’astrophysique et la métaphysique dans Armageddon(quatrième de couverture). Même Daphnée, qu’il a conquise grâce à son esprit fin, ne parvient à saisir les subtilités de son oeuvre.

Des explosions, il y en a, dans la vie fictive de ce Michael Bay. Autant que dans ses films, sinon plus, des cascades rocambolesques. On comprend rapidement que le spectaculaire n’a jamais été un choix pour le réalisateur incompris. Les cascades et l’intensité sont son quotidien. C’est du moins le « détour » que semble avoir pris l’auteur pour faire se croiser la réalité des films et la fiction de la vie de son personnage. Car le roman le dit bien franchement au protagoniste, lorsqu’on aborde les chapitres finaux:

La seule chance que tu as un jour d’être étudié à l’université, c’est si l’un des jeunes garçons auxquels tes films s’adressent finit par évoluer en un intellectuel potable et décide de te consacrer un livre qui te réhabilite aux yeux de l’élite. Et encore là, pour réussir cet exploit, va falloir qu’il tourne les coins ronds. (p. 273-274)

J’aime toujours quand les livres soudain se disent ainsi. Bien que le roman regorge de passages réjouissants, menés avec finesse (malgré l’énormité du développement), c’est ce passage dans lequel Mathieu Poulin « avoue » l’exercice auquel il se livre qui m’a le plus amusée. Il faut le dire, tout au long de ma lecture, j’ai été bien intriguée par le choix du propos. En fait, je suis toujours curieuse, lorsque j’aborde une oeuvre nouvelle, de découvrir ce à quoi a songé un esprit autre que le mien pour la construire. Nous n’avons pas tous les mêmes intérêts ou façons de voir le monde, et c’est souvent ce qui m’émerveille, me surprend ou m’émeut lorsque je découvre un livre, une série ou un film. Pour Des explosions, la question (très simple) qui m’a habitée d’un bout à l’autre de ma lecture est la suivante: mais qu’est-ce qui peut bien motiver un auteur à choisir de réinventer la vie d’une personne réelle (et toujours en vie) pour en faire un récit loufoque (et très bien construit) plutôt que de créer un personnage « entièrement fictif »? Bien que le passage n’y réponde pas de façon détaillée (ni peut-être véridique), il y fait un clin d’œil bien apprécié puisqu’il montre le jeu dans l’écriture.

Ce jeu dans l’écriture, le lecteur le ressent partout dans sa lecture du roman Des explosions. L’auteur s’amuse et fait dans la caricature tout en développant avec une certaine sensibilité les émotions de ses personnages. Il en résulte un récit complexe alliant des scènes de l’enfance de Bay, de sa vie amoureuse et professionnelle et de ses films. Le discours philosophique est poussé à l’extrême pour montrer avec quelle intensité (et maladresse) le personnage de Bay réfléchit et surcode tout, citant les nombreuses lectures qui lui servent de référence. On sourit souvent devant le sérieux du ton avec lequel est présentée l’absurdité du récit.

Des explosions est un roman pince-sans-rire qui regorge de petites trouvailles. Les phrases sont bien construites et suivent souvent des tournures d’esprit inspirées par les mots.

De manière à compenser son retard déjà flagrant sur la voiture qui s’échappait, Michael dégaina son neuf millimètres chromé et visa un des pneus arrière, cessa de respirer puis appuya sur la détente, seulement pour voir la balle rater la cible et percuter l’enjoliveur, qui fut lui-même enjolivé d’une étincelle frétillante. (p. 95)

Le coussin devait être percé, mais avec quoi? Rien de coupant ou de pointu n’était à portée de main. À court d’options et de temps, Michael se résolut à utiliser son pistolet, équivalent américain du canif suisse. (p. 193)

Vous vous intéressez au cinéma? Vous appréciez les parodies et l’absurde (sans dire subtile, je dirais non grossier)? Une belle phrase vous amuse? Vous aimerez certainement ce roman ainsi que le style de Mathieu Poulin. Vous l’avez lu? Partagez vos impressions dans les commentaires!

Des explosions en extraits

« En surcodant, en exagérant tout, tu refuses la complaisance et bascules du côté de la critique, détractant la société du spectacle, superficielle, et condamnant, à travers ton recours au montage effréné, le déficit d’attention contemporain. Sans oublier l’habile système de références à l’histoire de la philosophie mis en place à travers ton oeuvre. À ce sujet, j’avoue avoir été charmé par l’omniprésence, dans tes plans, du motif du lampadaire, clin d’œil évident aux lumières. » (p. 310)

POULIN, Mathieu. Des explosions ou Michael Bay et la pyrotechnie de l’esprit, Les éditions de Ta Mère, 2015, 318 p.

Igor Grabonstine et le Shining

Le roman Shining de Stephen King a inspiré à Stanley Kubrick un film culte. Sortie en 1980, l’oeuvre du grand réalisateur en a depuis  influencé plusieurs. Au Québec, le film a assurément inspiré à Simon Roy le magnifique Ma vie rouge Kubrick publié en 2014. La même année est aussi paru Igor Grabonstine et le Shining de Mathieu Handfield. Ce dernier livre est une parodie de l’oeuvre de Kubrick, dont l’action est campée dans un tournage fictif qui aurait précédé celui de la version du film que l’on connait.

Igor Grabonstine et le Shining Mathieu Handfield Ta Mère

Ce n’est donc pas Jack Nicholson, mais bien Igor Grabonstine qui se prépare à incarner Jack Torrance sur le plateau de tournage de l’énigmatique Kubrick. L’acteur a peu de qualités humaines si ce n’est un grand amour pour soi. Convaincu d’être irrésistible autant au cinéma qu’auprès des femmes, Grabonstine n’a jamais rien vu confronter sa grande foi en son amour-propre. Lorsque le jeune Danny Lloyd arrive sur le plateau, l’acteur se découvre pour la première fois un rival. Le jeune garçon de six ans qui doit interpréter son fils obtient beaucoup trop d’attention. Quand il découvre que l’enfant a en plus un don, Grabonstine commence tout de suite à échafauder un plan pour paralyser la compétition.

Igor Grabonstine et le Shining ne fait pas dans la subtilité (ni la dentelle). La parodie est dessinée à gros traits caricaturaux dans un style qui a malgré tout de quoi amuser. Les comparaisons et métaphores sont truculentes, quoique souvent complètement tirées par les cheveux. Et c’est précisément ce qui amuse.

Derrière l’amoncellement agité des admirateurs de Lloyd, Cassinger resplendissait tel un phare surplombant une mer houleuse et menaçante. Grabonstine se fixa à elle, bouée dans la nuit obscure de sa colère, et lui susurra quelques paroles tendres qui se perdirent dans le vacarme de la vague abrutissante des compliments qui se heurtaient au récif qu’était le jeune Lloyd. Et Grabonstine eut une pensée pour cette pensée qu’il venait d’avoir et se félicita d’avoir un esprit aussi enclin à la poésie. » (p. 35-36)

Les lecteurs qui apprécieront le plus le roman sont ceux qui ont vu le Shining de Kubrick et qui connaissent un peu son histoire (Wikipedia peut s’en charger). L’auteur s’amuse à détourner des éléments clés du film et des anecdotes du tournage, et ces points de repères culturels sont, à mon avis, ce qui donne au livre son intérêt. Sans eux, on s’amuserait certes des figures de style rocambolesques, mais on se prendrait aussi les pieds dans les mauvaises blagues de lesbiennes et quelques facilités qui, ici, peuvent être oubliées au profit des liens faits avec le film de 1980. On retrouve dans Igor Grabonstine et le Shining un Stephen King ivre de frustration envers ce film qui modifie l’histoire de son roman. On rencontre des références à l’obstination maladive de Kubrick qui a tourné les scènes un nombre incalculable de fois afin d’atteindre la perfection. Le mauvais jeu de Shelley Duvall n’est pas non plus épargné puisqu’il est question à diverses reprises de sa technique plutôt théâtrale.

— […] En fait, il s’agit de deux hôtels différents.
— Je ne suis pas certaine de bien comprendre…
— C’est que Kubrick avait envie d’utiliser la façade extérieure du Timberline Lodge, mais la décoration intérieure de l’hôtel Ahwahnee, situé dans la vallée de Yosemite en Californie, alors il a simplement décidé de démanteler le deuxième, de vider le premier et de reconstruire son hôtel idéal avec les meilleurs morceaux des deux, le tout en prétendant être au Colorado! (p. 26-27)

Enfin, Igor Grabonstine et le Shining est un livre qui amuse sans offrir de réflexion sur les thèmes qu’il aborde. Il rebondit plutôt dessus pour lancer ses situations loufoques. Il m’a donné l’impression d’un exercice de style et de narration, deux aspects bien réussis. Il se lit avec facilité et nous arrache de nombreux sourires. Il ne faut cependant pas s’attendre à plus.

Igor Grabonstine et le Shining en extraits

« Deborah s’était penchée pour parler au jeune homme tandis que Grabonstine, profitant d’un point de vue avantageux, s’adonnait à de lubriques rêveries dans lesquelles Danny était remplacé par un robuste baril de bois brut sur lequel il ferait bon s’appuyer. » (p. 28)

« Entendant cette phrase pour la quarante-septième fois depuis le début de l’après-midi, Grabonstine ne put retenir un soupir d’agacement de quatre-vingts décibels qui fit instantanément sécher les lentilles cornéennes de la pauvre jeune fille qui lui apportait une barre granola, tandis que Leon Vitali, portant un pantalon beaucoup trop ajusté, s’avançait vers Grabonstine qui, d’un habite mouvement oculaire, évita de lui fixer le paquet.
— Kubrick est très content. On va recommencer.

— S’il est si content, pesta Grabonstine à travers sa bouchée de granola, pourquoi ne passe-t-on pas à la suivante? » (p. 33)

HANDFIELD, Mathieu. Igor Grabonstine et le Shining, Les éditions de Ta Mère, 2014, 165 p.

A Quiet Place

Toujours intriguée par les livres et les films qui mettent en scène des langues de signes, j’ai récemment regardé A Quiet Place. Réalisé en 2018 par John Krasinski, ce film d’horreur et de science-fiction propose l’histoire d’une famille dont les seules chances de survie proviennent de leur capacité à demeurer silencieux.

A Quiet Place John Krasinski 2018 Emily Blunt

Au moment où commence le film, la Terre a été envahie par des créatures qui se servent de leur ouïe pour repérer les humains et les chasser. La famille, constituée des parents et de trois enfants, dont l’ainée est sourde, se sert de la langue des signes américaine (ASL) pour communiquer. Le « handicap » de l’adolescente devient donc à la fois un avantage (la langue) et un inconvénient (elle ne peut entendre venir le danger).

Ce personnage est incarné par une actrice sourde, la convaincante Millicent Simmonds, ce qui apporte beaucoup de crédibilité au film. Lorsque l’adolescente signe, elle ne fait pas semblant. C’est de l’authentique ASL qui est montrée à l’écran.

Par ailleurs, ce que j’ai trouvé intéressant dans A Quiet Place, c’est le fait qu’on ne prenne pas le spectateur par la main. De nos jours, peu de films font confiance à l’intelligence de leur public. On dit tout au spectateur, lui montre tout.  On l’accompagne dans son visionnement comme s’il était un enfant risquant de rater un élément important. Le film de Krasinski, au contraire, plonge le spectateur dans son univers: un monde de silence dans lequel les mots sont comptés. Pas d’explications superflues.

J’ai aimé aussi que la langue des signes américaine soit intégrée avec naturel. Là non plus, pas de discours explicatif.  C’est, à mon avis, un des éléments qui rendent sa présence dans le récit intéressante. Le film n’adopte pas un ton didactique. Il met en scène une histoire et les éléments qui rendent l’univers de celle-ci cohérent (dont l’ASL), et ce, sans expliquer en quoi il y a cohérence.

Soyez rassurés, les passages en ASL sont sous-titrés. Cela facilite la compréhension même si, toutefois, il aurait pu être intéressant d’essayer de faire sans cette traduction. Après tout, les échanges sont brefs. Cela aurait pu  éviter à notre attention de se retrouver divisée entre les mains des personnages qui signent et les mots au bas de l’écran, car on ne peut pas lire et regarder en même temps.

En conclusion, A Quiet Place est un film différent et rafraichissant.

Est-ce le film d’horreur qui troublera vos nuits pour les prochains mois? Tout est possible, mais il n’a pas troublé les miennes…

A Quiet Place, la bande-annonce

KRASINSKI, John. A Quiet Place, Paramont Pictures, 2018, 90 min

La promesse de l’aube (film)

Romain Gary est parmi les auteurs que j’admire le plus. C’était un écrivain qui travaillait d’arrachepied et qui avait voulu faire de sa vie une œuvre en soi, un roman total (il en sera question dans un prochain billet portant sur Pour Sganarelle). Entre des œuvres de qualité inégale, il a produit des chefs-d’œuvre et le plus grand canular de l´histoire de la littérature grâce à son double Goncourt. Au nombre des grands romans qu’il a écrits figure La promesse de l’aube, roman autobiographique mais roman d’abord, n’oublions pas que Gary était passé maitre dans l’art de la supercherie. Le réalisateur français Éric Barbier a adapté cette grande oeuvre pour le cinéma. Le film est sorti en France en décembre 2017 et c’est avec le printemps 2018 que celui-ci a atteint les salles québécoises. Il me fallait absolument le voir.

La promesse de l'aube film Éric Barbier adaptation cinéma Romain Gary Émile Ajar

La promesse de l’aube fait partie de mes lectures marquantes. C’est un livre dans lequel tout est foisonnement: la langue, l’ambition, l’intensité de l’amour mère-fils. C’est une grande envolée littéraire dans un style follement maitrisé. Adapter ce livre au cinéma représentait donc un risque particulier. Comment parvenir à rendre par le moteur de la narration cinématographique le souffle que Gary a su donner à son histoire par les mots? Comment transposer à l’écran le dynamisme que cette histoire devait en grande partie à son style?

Ma lecture de La promesse de l’aube remonte à au moins sept ans. Si le souvenir que j’en ai gardé est précis, il n’est pas pour autant détaillé (Ah! Mémoire!). Je crois que ce recul m’a permis de profiter pleinement du film d’Éric Barbier. Ces deux heures de visionnement m’ont ramenée dans mes souvenirs du livre, comme si on m’en faisait la lecture à l’écran. Certes, le ton n’est pas le même (comment rendre la subtile ironie, l’humour en demi-ton, la langue truffée des images nées du mélange des origines de l’auteur…?). Contrairement à ma collègue des Méconnus (qui livre ici une merveilleuse critique), je n’ai pas senti que l’accent mis sur l’excentricité de la mère cachait ses nuances. J’ai souvenir d’un personnage littéraire certes moins brusque et plus souple dans ses exigences, mais tout aussi dévoué envers son fils, frondeur et haut en couleur. Il faut dire que ma lecture de la biographie qu’a rédigée Myriam Anissimov, Romain Gary, le caméléon, peut influencer ce point de vue puisque l’auteure y présente une recherche magistrale démontrant comment la vie et l’oeuvre de Gary étaient empreintes d’embellissements et de supercheries. Cet ouvrage m’a fait découvrir un Gary taciturne, torturé, difficile à vivre et, si mes souvenirs sont bons, réellement obsédé à l’idée d’être à la hauteur des aspirations de sa mère. Donc, même si je doute de la nécessité, dans l’adaptation d’Éric Barbier, de présenter Gary déprimé (exagérément?), en train d’écrire La promesse de l’aube et d’interagir avec Leslie, sa première épouse, je devine qu’on a peut-être voulu montrer l’homme derrière l’oeuvre. Je garde des réserves, toutefois, sur la réussite de cette partie.

La promesse de l’aube raconte les débuts de Romain Gary dans la vie. L’auteur y retrace les éléments clés de son enfance, ceux qui ont fait de l’homme l’homme qu’il est au regard de l’amour et du travail. La promesse de l’aube, c’est la genèse d’un fils, d’un militaire, d’un auteur et d’un diplomate. C’est le livre qui dessine à gros traits la personnalité de la mère, mais qui parvient à le faire dans toutes les nuances de la subtilité. Le livre comme le film mettent l’accent sur la forte influence qu’a eue la mère de Gary sur lui, sur sa forte présence et sur l’impact douloureux qu’un tel amour maternel aura eu sur ses relations amoureuses. Si le film touche le sujet de manière moins approfondie et nuancée, il n’en réussit pas moins à montrer le lien spécial qui unit la mère et le fils.

Par ailleurs, il faut accorder au film quelques écarts: une adaptation demande toujours de faire des choix et d’adopter un point de vue. Elle n’est rien d’autre, à vrai dire, qu’une lecture portée à l’écran. Elle est une interprétation de l’oeuvre par le cinéaste. Et c’est précisément ce que j’aime: comparer l’original au film pour découvrir les choix qui ont été faits. Si cela me rend sans doute plus indulgente que d’autres lecteurs, je crois que cela me permet en contrepartie d’apprécier à sa juste valeur le film qui a été tiré du livre. L’univers y est. Les scènes y sont. Le tout faisait affluer mes souvenirs du livre et j’ai passé un très bon moment au cinéma Pine de Sainte-Adèle (j’en parle ici), entourée d’une douzaine d’autres personnes dans la toute petite salle. Même à la dernière semaine de projection, des curieux, comme moi, continuaient de prendre place le temps d’une représentation. À ma sortie, le propriétaire saluait les cinéphiles, et je l’ai entendu vanter les mérites de ce film français qui a été le plus couteux de son pays cette dernière année. À mon avis, c’est un bel investissement qui fait honneur à Gary.

La promesse de l’aube, la bande annonce

La promesse de l’aube, Éric Barbier, 2017

Auprès de moi toujours

Il y avait un moment que je souhaitais lire Kazuo Ishiguro. En cherchant des œuvres pour le cinéclub littéraire, j’ai découvert que Auprès de moi toujours (Never Let Me Go) avait été adapté au cinéma en 2010. Je me suis empressée de le commander et j’ai bien fait. Le sixième roman du prix Nobel 2017 nous emporte comme dans un souffle. L’écriture, délicate, suit les vagues de la mémoire, la narratrice amorçant le récit particulier de ce qu’a été sa vie, de son enfance jusqu’à ce jour où elle raconte.

Bien que l’histoire se déroule dans les années 1980-90, c’est une oeuvre de science-fiction qu’offre ici Kazuo Ishiguro, une dystopie vécue par la narratrice, Kathy, avec tellement d’acceptation et de candeur/maturité (il peut être difficile de statuer duquel il est question) qu’on en oublie par moment l’aspect profondément dérangeant du sujet traité. Or, nous ne serons pas épargnés. Si Auprès de moi toujours nous transporte doucement à travers les souvenirs de la narratrice, nimbés de sa naïveté, souscrits par un point de vue à la première personne, le choc de réalité n’en est que plus grand pour nous, lecteur, qui lisons avec un regard non voilé.

Auprès de moi toujours Never Let Me Go Kazuo Ishiguro

Qui ne veut connaitre aucune clé de l’intrigue devrait cesser ici sa lecture du billet car, bien qu’elle se pressente jusqu’à son dévoilement (à mi-lecture), l’information que je vais livrer dans le prochain paragraphe pour faire le résumé de l’oeuvre peut constituer en soi un premier punch. Toutefois, je crois qu’on peut apprécier sa lecture même en connaissant cette information (aussi révélée dans la bande-annonce du film, je vous avertis).

Le récit débute au moment où Kath s’apprête à mettre fin à sa « carrière » d’accompagnante, un parcours plus long que la normale puisqu’il aura duré dix ans. À la demande d’un donneur qu’elle accompagne, elle amorce le récit de sa jeunesse à Hailsham, le pensionnat où elle a été élevée. Bien que tout soit organisé de façon à ce que les enfants aient une enfance des plus heureuses, une ambiance mystérieuse plane sur le pensionnat en raison des mœurs peu usuelles qui y ont cours. Les enfants sont, dès le plus jeune âge, encouragés à développer leur art, que ce soit par la peinture, le dessin ou la poésie. L’importance qui y est accordée est cruciale, sans qu’on sache pourquoi, et les meilleures œuvres, emportées pour garnir la galerie de Madame. Kath, Ruth et Tommy grandissent ensemble dans cet univers où on leur apprend tout sans rien leur dire clairement. Ils savent qu’ils ont été conçus afin de devenir des donneurs, sans savoir de quoi il en retourne vraiment. Ils savent qu’ils sont des clones, et en ce sens différents du reste des gens, auxquels ils ne se mêleront qu’à l’aube de leur vie adulte, mais se soucient peu de ces différences. Ils vivent dans un univers à part et pensent d’une façon qui les protège de la brutale réalité. Ainsi les a-t-on éduqués.

Auprès de moi toujours est un roman magnifique et déstabilisant qui offre à la fois une réflexion éthique sur la valeur des individus, mais aussi une réflexion sur la place de nos perceptions sur notre vision du monde – qui font que l’on regarde le monde selon un certain point de vue. C’est cette dernière réflexion qui me semble centrale puisqu’elle s’incarne dans le livre à même les propos de la narratrice. Son regard, parfaitement modelé sur l’éducation qu’elle a reçue, l’empêche de se révolter au même tire que le lecteur. Elle n’éprouve pas les mêmes sentiments ou, du moins, ne leur accorde pas la même place. C’est cet apparent clivage qui confère à l’oeuvre son aspect doucement dérangement, où flotte l’ombre de l’inquiétante étrangeté.

Une lecture que je recommande fortement.

Auprès de moi toujours au cinéma

Mark Romanek a adapté Auprès de moi toujours dans un film sorti en 2010. Le rythme, très lent, et les couleurs, sépia, confèrent à l’adaptation un aspect vieillot qui ne cadre pas avec la lecture que j’ai faite. Si le livre n’obéit pas à une logique de l’action, le déroulement des pensées de la narratrice nous emporte malgré tout dans les méandres de la mémoire et des petites intrigues de l’enfance – ou de celles, plus importantes, du début de l’âge adulte. Le film ne parvient pas à transposer cet effet. On se retrouve donc devant un film long et lent qui sème des indices sans apporter de réponses claires (contrairement au livre). Je l’avoue, j’ai découvert le film en même temps que les élèves. Et leur plus pertinent commentaire, à la fin du visionnement, en dit long sur les ratés de cette adaptation: « C’est parce qu’on ne comprend pas ce que le film voulait nous dire… »

 

ISHIGURO, Kazuo. Auprès de moi toujours, Folio Gallimard, 2015, 448 p.

L’histoire de ta vie

Il y a un peu plus d’un an, mon amoureux, momentanément expatrié, m’a téléphoné à sa sortie d’un cinéma américanokoweïtien pour me vanter l’intérêt linguistique du film L’arrivée (Arrival, Denis Villeneuve, 2016) : « Tu aurais vraiment aimé ça! » Suivant ses conseils, j’ai visionné le film quelques mois plus tard, découvrant par le fait même qu’il est adapté d’une nouvelle littéraire de Ted Chiang, L’histoire de ta vie. J’ai commandé le tout pour le cinéclub du centre, et c’est avec un réel plaisir que j’ai fait tout récemment la lecture du texte de Chiang.

L'histoire de ta vie La tour de Babylone Ted Chiang Arrival L'arrivée Premier contact Denis Villeneuve

L’histoire de ta vie, comme Arrival, met en scène Louise Banks, une linguiste réputée que l’armée américaine embauche pour effectuer une tâche peu ordinaire: déchiffrer le langage d’une espèce extraterrestre. Douze vaisseaux de forme oblongue sont débarqués en différents endroits de la Terre et l’espèce humaine, alertée par cette présence pour le moment pacifique, s’interroge sur les raisons justifiant cette venue. L’armée donne donc pour mandat à la linguiste de décoder la langue des heptapodes sans rien leur révéler des connaissances technologiques des humains, car on craint pour la sécurité mondiale. En parallèle est présentée comme sous forme de flashback une partie de la vie personnelle de la narratrice.

L’histoire de ta vie n’est pas une oeuvre de science-fiction traditionnelle. Bien que le synopsis puisse laisser envisager l’envahissement extraterrestre et la menace habituelle qui en découle, le texte de Chiang offre plutôt une réflexion sur la langue, n’hésitant pas à entrer dans les détails de la structure linguistique, de la morphologie à la phonétique. Loin de la logique de l’action, L’histoire de ta vie et Arrival reposent sur une logique cognitive. C’est le décodage de la langue qui est au cœur du récit et qui en est la clé. Tout l’arrimage scientifique de l’oeuvre est tourné vers la linguistique et l’hypothèse de Sapir-Whorf ainsi que sur le principe de Fermat.

L’hypothèse de Sapir-Whorf

Émise dans les années 1950 par les linguistes Edward Sapir et Benjamin Lee  Whorf, cette hypothèse repose sur l’idée suivante:

[…] les hommes vivent selon leurs cultures dans des univers mentaux très distincts qui se trouvent exprimés (et peut-être déterminés) par les langues qu’ils parlent. Aussi, l’étude des structures d’une langue peut-elle mener à l’élucidation de la conception du monde qui l’accompagne. (Nicolas Journet, L’hypothèse Sapir-Whorf. Les langues donnent-elles forme à la pensée?)

Autrement dit, c’est la langue que l’on parle qui conditionne notre pensée et notre façon de voir le monde. On entend souvent l’exemple des langues inuites, qui auraient plusieurs mots pour désigner la neige, permettant aux locuteurs de ces langues de voir la neige bien autrement que ceux qui n’ont qu’un mot pour la nommer. Whorf s’est par ailleurs questionné sur la conception de l’espace et du temps des locuteurs de langues qui ne contiennent pas de temps verbaux. Voient-ils le passé, le présent et l’avenir de la même façon?

L’histoire de ta vie offre une exploration de cette hypothèse. L’apprentissage de la langue des heptapodes aura un impact significatif sur la vision qu’a Louise Banks du monde. Je ne vous en dis cependant pas plus, car il me faudrait vous révéler les clés de l’intrigue.

Le principe de Fermat

Ce principe veut que la lumière modifie sa trajectoire de façon à emprunter le chemin qui soit le plus court en durée. Cette trajectoire est calculée selon l’indice de réfraction. L’eau et l’air ont par exemple un indice de réfraction différent, ce qui fait que la lumière voyage plus vite dans le dernier élément que dans le premier. Ainsi, si un rayon lumineux doit traverser un espace rempli à moitié d’air et d’eau, il effectuera une plus longue trajectoire dans l’air (où il peut voyager plus rapidement) avant de plonger en angle dans l’eau (où il voyage moins rapidement). Ce chemin (plus long en distance) est plus court en durée. Voici l’exemple présenté à la page 174 du livre.

L'histoire de ta vie La tour de Babylone Ted Chiang Arrival L'arrivée Denis Villeneuve p 175

L’histoire de ta vie est une nouvelle littéraire très intéressante pour ses explications et ses réflexions scientifiques.

[…] quelle vision du monde possédaient donc les heptapodes pour considérer le principe de Fermat comme l’explication la plus simple de la réfraction de la lumière? Quel type de perception leur rendait minimum ou maximum immédiatement apparent? (p. 180)

Toutefois, elle ne s’adresse pas à des lecteurs non expérimentés, car au-delà des notions scientifiques (verbalisées de façon très efficace), elle contient un vocabulaire très soutenu (téléologie, volition, sémasiographique, etc.), une bonne part d’implicite et une fin ouverte (sur laquelle le film a construit une nouvelle fin).

L’histoire de ta vie en extraits

« Plus intéressant encore, l’heptapode B altérait mon mode de pensée. Pour moi, penser signifiait en règle générale parler d’une voix interne; comme on dit dans le métier, j’avais des pensées codées phonologiquement. […]
L’idée de penser dans un mode linguistique, quoique non phonologique, m’avait toujours intriguée. J’avais un ami né de parents sourds; il avait grandi en utilisant la langue des signes et il me disait qu’il pensait souvent dans cette langue plutôt qu’en anglais. Je me demandais quel effet cela faisait de former des pensées codées manuellement et de raisonner avec une paire de mains interne au lieu d’une voix interne.
Avec l’heptapode B, je vivais l’expérience exotique de pensées codées graphiquement. Je passais des moments de transe où mes pensées ne s’exprimaient plus par le biais de ma voix interne; à la place, je me représentais des sémagrammes qui s’évanouissaient telles des fleurs de givre sur un carreau de fenêtre. » (p. 187-188)

« Soit la phrase: « Le lapin est prêt à manger. » Si on interprétait « le lapin » comme l’objet de « manger », elle signifiait que le dîner serait bientôt servi. Si on interprétait « le lapin » comme le sujet de « manger », c’était un signal, tel celui qu’une fille donnerait à sa mère afin que celle-ci ouvre le sac de nourriture pour lapins. Deux énoncés distincts, voire mutuellement exclusifs sous le même toit. Pourtant, chacun constituait une interprétation valide; seul le contexte permettait de déterminer le sens de la phrase. » (p. 196)

L’histoire de ta vie au cinéma

Quel film réussi que Arrival, réalisé par Denis Villeneuve en 2016! Il fait du bien de voir autre chose, au cinéma, qu’une guerre entre les humains et les extraterrestres, au cours de laquelle, bien sûr, les extraterrestres sont chaque fois les méchants. Arrival est en ce sens très rafraichissant. Comme la nouvelle dont il s’inspire, son propos est d’abord linguistique. Ceux qui visionnent le film en s’attendant à voir un classique du genre seront donc déçus: comme je le mentionnais plus haut, la trame narrative n’obéit pas à une logique de l’action et, de ce point de vue, peut sembler lente. Elle est plutôt construite sur une logique cognitive dans laquelle s’enchainent les rebonds narratifs. Tout est donc une question de point de vue et de disposition d’écoute.

Le propos linguistique étant sans doute suffisamment dense, le film a mis de côté les discussions mathématiques présentées dans la nouvelle. Pas de principe de Fermat dans Arrival. Pour cela, il faut lire l’oeuvre originale.

Pour terminer, la fin de la nouvelle laissant place à une grande ouverture qui conviendrait moins au cinéma, on se réjouit que le film présente une fin plus achevée. Celle-ci est très bien construite et respecte l’esprit de la nouvelle, tout en permettant de pousser encore plus loin la réflexion amorcée grâce au texte de Chiang. À découvrir.

CHIANG, Ted. « L’histoire de ta vie » dans La tour de Babylone, Folio Gallimard, 2006, p. 137-211

Nos étoiles contraires

En cette fin d’année scolaire, j’ai décidé de conclure mon cinéclub (eh oui, nouvelle orthographe) par le très populaire film Nos étoiles contraires issu du tout autant populaire livre éponyme de l’auteur John Green. Comme c’est une lecture rapide et légère, j’ai décidé de la traverser en entier. Oui, j’ai pleuré. Mais bon, ça n’a rien de bien surprenant venant de moi. Mais j’ai ri aussi, aux éclats, toute seule dans mon salon alors que mon amoureux était parti pour un périple nordique.

Nos étoiles contraires John Green

Hazel Grace Lancaster a le cancer et va mourir. Elle le sait depuis longtemps, et c’est d’ailleurs surprenant qu’elle soit encore en vie. Comme son médecin lui diagnostique une dépression, sa mère la force à se rendre à un groupe de soutien pour adolescents cancéreux. C’est là qu’elle rencontre d’Augustus Waters, bellâtre en rémission qui défie la vie une cigarette éteinte au coin de la bouche: il porte à ses lèvres ce qui peut le tuer tout en faisant le choix de ne pas lui donner ce pouvoir en ne l’allumant pas. Le film comme le livre donnent ainsi une belle occasion de travailler la métaphore, tout comme l’ironie, d’ailleurs, puisque les deux adolescents en font un usage assez réjouissant. C’est ce qui fait, à mon avis, tout l’intérêt de Nos étoiles contraires: on en appelle à l’intelligence et à la culture des ados, misant sur la qualité littéraire en plus de la trame narrative. Les personnages sont vrais et bien développés. On apprend des petites choses sur le cancer et ses clichés, les relations familiales et amoureuses, la façon de lire un livre… Il s’y trouve une belle mise en abyme d’un roman (purement inventé par l’auteur, John Green) qui permet à la fois de développer le thème de la maladie et celui de la littérature. On y déniche aussi quelques belles pensées.

“On a regardé la maison. Le truc bizarre avec les maisons, c’est qu’on a l’impression que rien ne se passe à l’intérieur, alors qu’elles renferment plus ou moins toute notre vie. Je me suis demandé si ce n’était pas à ça que servait l’architecture, en fait.” (p. 150)

Nos étoiles contraires au cinéma

L’adaptation de Nos étoiles contraires est réussie et les différences avec le livre, minimes. Elles servent le film, au besoin. C’est un visionnement qui a été très apprécié des quelques participants et qui a suscité d’intéressantes discussions. De mon côté, j’ai aimé, mais la traduction française m’a dérangée. Vers la fin, on se retenait tous pour ne pas pleurer en classe, assez drôle quand on y repense avec le recul.

GREEN, John. Nos étoiles contraires, Nathan, 2012

La trilogie des gemmes

La trilogie des gemmes, dont le premier tome est Rouge Rubis, est une série jeunesse écrite par l’auteure allemande Kerstin Gier. Elle a pour narratrice le personnage de Gwendolyn Shepherd qui vit dans l’ombre de sa cousine Charlotte depuis sa prime enfance, Charlotte étant son ainée d’un jour seulement. Si Gwendolyn est une jeune fille normale, il n’en est rien de Charlotte, qui a hérité du gène du voyage dans le temps, un secret bien gardé par la famille. À seize ans, elle est sur le point de subir son premier voyage. Tout le monde la surveille, car les premiers voyages surviennent de façon subite et incontrôlée. Sauf que, contre toute attente, c’est Gwendolyn qui, un beau jour, se retrouve soudainement à une autre époque.

Rouge Rubis Kerstin Gier

C’est le genre de livre que j’aime bien comparer au junk food parce que, bien que ce ne soit pas de la grande qualité littéraire, on ne peut s’empêcher de le consommer jusqu’à la fin. L’histoire est très originale, et c’est ce qui m’a accrochée, mais le livre a eu, pour moi, quelques irritants. Que son public cible soit les adolescentes n’est pas un problème en soi. Toutefois, on sent tout au long qu’on s’adresse à des ados dans un langage d’ados (traduit en France, donc doublement agaçant pour la québécoise que je suis [je n’ai rien contre les Français, seulement leur vocabulaire adolescent renforce à mes oreilles le décalage]). Beaucoup de clichés adolescents, aussi, et de digressions sur des sujets banals. Il y a plein de thèmes importants à l’adolescence, mais on a préféré s’en tenir aux lieux communs. Enfin, il me semble que c’était souvent superflu. Il m’a fallu traverser les deux premiers tomes en entier avant que je comprenne que ce qui, plus que tout élément, m’empêchait de voir en les personnages autre chose que des clichés, c’est qu’ils ont été esquissés à grands traits (de caractères): peu de psychologie. C’est dommage, l’histoire aurait pu gagner beaucoup en profondeur.

N’empêche, j’ai lu toute la série en moins d’une semaine. C’est donc dire qu’elle fonctionne malgré tout.

Et puis, ce n’est pas pire que de regarder la télé… ; )

Rouge Rubis au Cinéma

Les livres ont été adaptés au cinéma, mais je n’ai pas vu les films. Je joins ici la bande-annonce du premier, Rouge Rubis.

Divergence, la trilogie

Un peu déçue par la trilogie L’épreuve, qui ne m’a pas donné la relaxation que j’espérais, je suis passée au prochain titre prévu pour le cinéclub, Divergence. Un autre pas dans la littérature et le cinéma d’anticipation. J’y ai mieux trouvé mon compte. Peut-être simplement parce que l’univers est un peu plus féminin. Qui sait comment opère la littérature populaire sur mon cerveau bon public? J’ai lu les deux premiers volumes de la trilogie, et j’aurais poursuivi avec le troisième si je l’avais eu en main. Je n’en ressens pas l’urgence, mais peut-être le lirai-je un jour où j’aurai envie de quelque chose de léger…

Divergence Veronica Roth

L’univers de Divergence est divisé en castes. Beatrice Prior est issue de parents Altruistes. Bientôt, elle passera le test et devra choisir la faction qui deviendra sa famille pour le reste de sa vie. Restera-t-elle chez les Altruistes? Sera-t-elle plutôt une Érudite, une Sincère, une Audacieuse ou une Fraternelle? Quelle est sa vraie personnalité? Divergente.

Comment fera-t-elle son chemin dans cette société où le pire cauchemar qu’on puisse avoir est de devenir sans-faction?

ROTH, Veronica. Divergence, ADA, 2014

ROTH, Veronica. Insurgés, ADA, 2015

Divergence au Cinéma

J’ai découvert le film Divergente (eh oui, on passe du nom à l’adjectif pour le film) en même temps que les élèves et j’ai trouvé l’adaptation réussie. Elle suit bien les grandes lignes du livre et est efficace. Les élèves ont d’ailleurs beaucoup apprécié, s’exclamant en chœur à quelques occasions.

L’épreuve, la trilogie (Le labyrinthe, La terre brûlée et Le remède mortel)

En septembre, j’avais envie de plonger dans une série populaire. J’ai donc entrepris de lire la trilogie L’épreuve de James Dashner, que j’avais commandée pour le cinéclub du centre, sachant que le film avait connu un bon succès. J’ai lu rapidement le premier tome, Le labyrinthe, puis j’ai abandonné le deuxième volume à mi-chemin, n’ayant pas envie de baigner dans cet univers post-apocalyptique. Ceci dit, ce n’est pas mauvais.

L'épreuve Trilogie James Dashner Le labyrinthe livre

Thomas arrive au Bloc seul dans une boite métallique. Amnésique, il ne se rappelle que son nom. Sur place, une bande de garçons, tous aussi jeunes que lui, l’accueillent et lui font découvrir, un à un, les dangers de sa nouvelle vie. Personne ne sait pourquoi on les a envoyés là, la mémoire effacée. Le Bloc est entouré d’un immense labyrinthe aux murs de pierre qui se referment à la nuit tombée. Il est envahi par des griffeurs, une créature mi-bête mi-robot, féroce, qui tue ou rend malade. À la recherche d’une sortie, un groupe de blocards nommés coureurs sillonnent le labyrinthe jour après jour depuis deux ans… en vain.

Le labyrinthe au Cinéma

Le film Le labyrinthe est très efficace, et les élèves l’ont beaucoup apprécié. De mon côté, je l’ai trouvé correct. Il comporte de nombreuses différences avec le livre, ce qui fait que la lecture de celui-ci reste certainement intéressante après le visionnement du film. Un élève vient de tenter l’expérience et a bien apprécié la comparaison.

Extrait

   “Puis Minho lui avait raconté l’un des rares souvenirs qui lui restaient de sa vie d’avant, à propos d’une femme enfermée dans un labyrinthe. Elle s’en était échappée en posant sa main droite sur un mur et en marchant sans jamais la retirer. Ainsi elle s’était obligée à tourner à droite à chaque intersection. En suivant les lois de la physique et de la géométrie, elle avait pu trouver la sortie. C’était logique.
Mais pas ici. Ici, tous les chemins ramenaient au Bloc. Un détail avait forcément dû leur échapper.” (p. 215)

DASHNER, James, Le labyrinthe, Pocket Jeunesse, 2012, 416 p.