Divergence, la trilogie

Un peu déçue par la trilogie L’épreuve, qui ne m’a pas donné la relaxation que j’espérais, je suis passée au prochain titre prévu pour le cinéclub, Divergence. Un autre pas dans la littérature et le cinéma d’anticipation. J’y ai mieux trouvé mon compte. Peut-être simplement parce que l’univers est un peu plus féminin. Qui sait comment opère la littérature populaire sur mon cerveau bon public? J’ai lu les deux premiers volumes de la trilogie, et j’aurais poursuivi avec le troisième si je l’avais eu en main. Je n’en ressens pas l’urgence, mais peut-être le lirai-je un jour où j’aurai envie de quelque chose de léger…

Divergence Veronica Roth

L’univers de Divergence est divisé en castes. Beatrice Prior est issue de parents Altruistes. Bientôt, elle passera le test et devra choisir la faction qui deviendra sa famille pour le reste de sa vie. Restera-t-elle chez les Altruistes? Sera-t-elle plutôt une Érudite, une Sincère, une Audacieuse ou une Fraternelle? Quelle est sa vraie personnalité? Divergente.

Comment fera-t-elle son chemin dans cette société où le pire cauchemar qu’on puisse avoir est de devenir sans-faction?

ROTH, Veronica. Divergence, ADA, 2014

ROTH, Veronica. Insurgés, ADA, 2015

Divergence au Cinéma

J’ai découvert le film Divergente (eh oui, on passe du nom à l’adjectif pour le film) en même temps que les élèves et j’ai trouvé l’adaptation réussie. Elle suit bien les grandes lignes du livre et est efficace. Les élèves ont d’ailleurs beaucoup apprécié, s’exclamant en chœur à quelques occasions.

L’épreuve, la trilogie (Le labyrinthe, La terre brûlée et Le remède mortel)

En septembre, j’avais envie de plonger dans une série populaire. J’ai donc entrepris de lire la trilogie L’épreuve de James Dashner, que j’avais commandée pour le cinéclub du centre, sachant que le film avait connu un bon succès. J’ai lu rapidement le premier tome, Le labyrinthe, puis j’ai abandonné le deuxième volume à mi-chemin, n’ayant pas envie de baigner dans cet univers post-apocalyptique. Ceci dit, ce n’est pas mauvais.

L'épreuve Trilogie James Dashner Le labyrinthe livre

Thomas arrive au Bloc seul dans une boite métallique. Amnésique, il ne se rappelle que son nom. Sur place, une bande de garçons, tous aussi jeunes que lui, l’accueillent et lui font découvrir, un à un, les dangers de sa nouvelle vie. Personne ne sait pourquoi on les a envoyés là, la mémoire effacée. Le Bloc est entouré d’un immense labyrinthe aux murs de pierre qui se referment à la nuit tombée. Il est envahi par des griffeurs, une créature mi-bête mi-robot, féroce, qui tue ou rend malade. À la recherche d’une sortie, un groupe de blocards nommés coureurs sillonnent le labyrinthe jour après jour depuis deux ans… en vain.

Le labyrinthe au Cinéma

Le film Le labyrinthe est très efficace, et les élèves l’ont beaucoup apprécié. De mon côté, je l’ai trouvé correct. Il comporte de nombreuses différences avec le livre, ce qui fait que la lecture de celui-ci reste certainement intéressante après le visionnement du film. Un élève vient de tenter l’expérience et a bien apprécié la comparaison.

Extrait

   “Puis Minho lui avait raconté l’un des rares souvenirs qui lui restaient de sa vie d’avant, à propos d’une femme enfermée dans un labyrinthe. Elle s’en était échappée en posant sa main droite sur un mur et en marchant sans jamais la retirer. Ainsi elle s’était obligée à tourner à droite à chaque intersection. En suivant les lois de la physique et de la géométrie, elle avait pu trouver la sortie. C’était logique.
Mais pas ici. Ici, tous les chemins ramenaient au Bloc. Un détail avait forcément dû leur échapper.” (p. 215)

DASHNER, James, Le labyrinthe, Pocket Jeunesse, 2012, 416 p.

Le meilleur des mondes

Tant qu’à y être (pensée pour JB), j’ai continué sur ma lancée avec Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley, classique de la littérature d’anticipation. Ce que j’en ai pensé? J’ai une opinion plutôt mitigée. J’approuve la préface (1946) de l’auteur dans laquelle il affirme avoir conscience des défauts du roman (publié en 1932).

 Ceci dit, c’est une œuvre intéressante et qui se lit facilement et rapidement. C’est plutôt bien écrit, mais ça reste naïf à certains plans. Par exemple, certaines ellipses auraient gagné à être comblées par quelques explications ou transitions. C’est une œuvre qui veut nourrir sans en mettre toujours suffisamment dans l’assiette.

 Le meilleur des mondes Aldous Huxley Brave New World

Le meilleur des mondes nous situe dans un futur indéterminé, en raison d’un changement de calendrier. Nous sommes en 632 de N.F. F, pour Ford, celui qui serait à l’origine de cette société revue et corrigée. Mais nous n’en apprenons pas plus sur l’identité de ce personnage. Et pourtant, on ne demandait que cela. Bref, ça reste vague. Dans le meilleur des mondes, les bébés naissent dans des éprouvettes et les termes de père et de mère sont des blasphèmes associés à la viviparité. Les individus sont conçus en laboratoire (ou en usine, selon le point de vue) en fonction de la classe sociale à laquelle on les prédestine. Il y a cinq classes sociales distinctes, nommées selon l’alphabet grec, d’alpha à epsilon. Les Alphas ont les meilleures capacités et un plus grand libre arbitre alors que les Epsilons ont vu leurs capacités intellectuelles volontairement amoindries (lors de l’incubation, on coupe dans l’oxygène) afin de les rendre plus aptes (dociles) à la réalisation de tâches moins stimulantes. Les enfants, tout au long de leur développement, subissent un conditionnement hypnopédique (la clé de l’ordre social et du bonheur). Chaque nuit, des phrases leur sont répétées pendant leur sommeil, et ce, pendant des années.

 Cependant, à l’occasion, certains individus, pour des raisons inconnues, s’avèrent résistants au conditionnement. C’est le cas de Bernard, personnage-clé du roman, qui ne trouve pas sa place dans cette société où on se drogue au soma (cela fait partie de leur conditionnement) pour éviter de ressentir des sentiments désagréables.

 L’idée est vraiment très intéressante, mais je crois que j’ai commencé à décrocher au moment où Bernard va visiter une réserve, là où vivent des gens non civilisés (un territoire où l’on n’a pas installé une société comme la leur parce que les ressources naturelles n’en valaient pas la peine). En gros, c’est une réserve d’Amérindiens, avec tout ce qu’elle comporte de clichés sur les Amérindiens: malpropres, peu civilisés, rituels barbares… Certes, ils pratiquent la monogamie, ce qui est tout à leur honneur dans le roman (dans la société de Ford, il est interdit de s’attacher à une seule personne). Mais il reste que c’est très cliché. Pourquoi avoir choisi seulement les Amérindiens comme exemple de “non-civilisation”? Cela aurait tout aussi bien pu être des Blancs ayant échappé à la conquête ou… Enfin, je sais que ce roman a été écrit en 1932 et que je dois accepter qu’il soit imprégné des clichés de l’époque. Toutefois, comme le livre cherche à dénoncer certaines choses, voire même dénoncer un idéal, je trouve que le cliché jure tout particulièrement avec l’intention.

 N’empêche, l’œuvre est très riche, pleine d’idées, pleine de réflexions et remplie de passages de Shakespeare (dont je ne suis pas convaincue de l’utilité, même si c’est beau).

 Je crois qu’une des choses qui peuvent nuire à notre lecture du Meilleur des mondes, aujourd’hui, est le fait que nous n’avons pas tout à fait la même vision de ce que pourra être le futur. Le roman, paru en 1932, expose un futur très technologique. Toutefois, plusieurs des technologies décrites paraissent désuètes au lecteur du 21e siècle. Elles ne correspondent pas toutes à l’évolution que notre technologie a suivie ni à sa miniaturisation. Alors, qu’on le veuille ou non, ça cloche un peu.

 Enfin, je comprends pourquoi ce roman est considéré comme un classique de la littérature d’anticipation. Toutefois, l’émerveillement n’était pas pour moi.

 Le meilleur des mondes en extraits

 “Le bonheur effectif paraît toujours assez sordide en comparaison des larges compensations qu’on trouve à la misère. Et il va de soi que la stabilité, en tant que spectacle, n’arrive pas à la cheville de l’instabilité. Et le fait d’être satisfait n’a rien du charme magique d’une bonne lutte contre le malheur, rien du pittoresque d’un combat contre la tentation, ou d’une défaite fatale sous les coups de la passion ou du doute. Le bonheur n’est jamais grandiose.”

HUXLEY, Aldous. Le meilleur des mondes, Pocket, 284 p.

Battle Royale

En République de Grande Asie, pays imaginé à partir de notre Histoire, tout est contrôlé: le rock ‘n’ roll est interdit, l’information censurée et le gouvernement a un droit plus ou moins déguisé de vie et de mort sur chaque citoyen. Voilà la prémisse de Battle Royale de Koushun Takami.

Battle Royale Koushun Takami

Dans ce pays, créé en 1997 en lieu et place du Japon, chaque année, le gouvernement enlève 50 classes de 3e pour la réalisation d’un programme militaire. On emmène les élèves de la classe choisie par le hasard dans un lieu isolé, souvent une île. On leur fournit à tous un sac à dos contenant un crayon, une carte du site, deux pains, deux litres d’eau et une arme ayant été sélectionnée de façon aléatoire. On ordonne ensuite à tous de quitter les lieux à tour de rôle, en respectant l’appel des noms. Le jeu commence: ils ont trois jours pour s’entretuer. Il ne peut y avoir qu’un seul survivant, le gagnant. Toutes le six heures, via des haut-parleurs dispersés partout sur l’île, le “professeur” attitré à la classe fait le décompte des morts et annonce les zones qui seront désormais interdites. Si des élèves s’y trouvent encore aux heures mentionnées, le collier qu’on a bouclé autour de leur cou pour repérer leur position ou leur pouls explose. S’il n’y a aucun mort pendant 24 heures, tous les colliers explosent. Une tuerie assurée.

Pourquoi ce programme? Pour compiler des données sur le temps mis par le champion pour éliminer tous les autres élèves de la classe. C’est ce qu’on dit dans les manuels scolaires. Le nom du gagnant ainsi que le lieu où s’est déroulé le programme est révélé dans les médias lorsque ce dernier vient de s’achever. On révèle en même temps le nombre de morts par balle, par arme blanche, etc.

Battle Royale vous rappelle un peu Hunger Games? En effet, l’idée de base est la même, mais le traitement qu’on en fait est complètement différent. D’abord, l’histoire n’est pas la même. Ensuite, c’est définitivement mieux écrit: il y a présence de style, de jeux de mots, d’une touche d’humour, toujours grinçant… Bien que surtout focalisée sur le personnage de Shûya Nanahara, la narration externe présente des bribes du parcours de chacun des 42 élèves de la classe. Heureusement, on retrouve en début de roman une liste des élèves présentés en ordre alphabétique et numérotés, cela pour les filles (F-1 à F-21) ainsi que pour les garçons (G-1 à G-21).

830 pages en format poche. L’auteur, Koushun Takami – dont Battle Royale est à ce jour le seul roman – prend le temps de bien présenter et détailler les choses. Aucun personnage n’est accessoire, ils ont tous un minimum de psychologie, et ce, malgré le très bref passage de certains. Ironiquement, c’est un roman dans lequel on prend le temps de tout montrer et de tout expliquer au lecteur alors que les personnages vivent dans l’urgence. C’est appréciable.

Battle Royale au cinéma

Pourtant, dans le film réalisé en 2000 par Kinji Fukasaku à partir du roman (lui-même écrit en  1999), c’est tout le contraire. Le ton change du tout au tout. Le jeu très théâtral et les choix musicaux ne permettent pas la montée de la tension qu’on retrouve dans le roman. Ceci dit, j’ai trouvé celui-ci intéressant. Mais, pour moi, le livre et le film sont deux œuvres distinctes, excellentes si considérées séparément. Il faut dire, de plus, qu’on a fait un seul film à partir d’un livre très dense. C’est clair que le réalisateur a voulu s’en tenir à l’essentiel et en faire une course effrénée, une course très près d’une danse.

J’ai préféré le livre et le conseille.

Battle Royale en extraits

Comme le disait son oncle, une personne n’était pas forcément responsable de sa propre lâcheté.” (p. 533)

 “Il ne restait plus rien du bureau, hormis une moissonneuse-batteuse qui avait eu du mal à rentrer dans un tiroir du meuble de rangement.” (p. 549)

 “Ses yeux allaient successivement de l’un à l’autre des cadavres de ses cinq camarades, comme un enfant regarderait des œuvres d’art incompréhensibles dans un musée des horreurs.” (p. 671)

Mon oncle disait que le rire est un élément important pour maintenir l’harmonie des choses, et qu’il représente l’ultime échappatoire quand il n’en reste plus d’autre…” (p. 690)

TAKAMI, Koushun. Battle Royale, Le livre de poche, 2008, 864 p.

Hunger Games 2 et 3: L’embrasement et La révolte

Bien sûr, j’ai lu la suite de Hunger GamesL’embrasement et La révolte. J’ai déjeuné, dîner et soupé l’assiette plantée dans le milieu de mon livre pour le garder ouvert. C’est plutôt bon signe. La populaire série de Suzanne Collins a marché sur moi.

 Je dois dire que je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre en ouvrant le 2e tome, mais j’ai aimé la direction qu’a prise l’histoire. Le second comme le troisième volume ont réussi à me surprendre, le récit est bien mené et on ne tourne pas en rond.

Hunger games 2 L'embrasement Hunger Games 3 La révolte Suzanne Collins

Comme je ne veux pas dévoiler l’intrigue, je ne développerai pas plus ce billet ni me mettrai d’extraits des livres. De toute façon, dans cette série, je l’ai dit précédemment, ce n’est pas le style mais bien l’histoire qui fait tout le travail.

 COLLINS, Suzanne. Hunger Games 2: L’embrasement, Pocket jeunesse

COLLINS, Suzanne. Hunger Games 3: La révolte, Pocket jeunesse

Hunger Games, tome 1

On m’avait parlé de la série Hunger Games de Suzanne Collins. J’avais vu les livres en librairie. Bof. Moi, dès qu’on s’excite à rééditer des livres pour que leur couverture ressemble aux images du film, on me perd un peu. Je trouve que le livre perd de son cachet, comme s’il n’était pas capable d’exister sans le film. Bref, ça m’énerve.

Mais je ne suis pas snob pour autant. J’ai donc tourné ma curiosité vers le film (après tout, c’est le film qu’on me vend en l’illustrant sur les livres…) et j’ai aimé. Je l’ai écouté une fois, puis deux. Est alors venu l’inévitable moment où j’ai voulu comparer l’histoire originale et son adaptation au cinéma. On m’a prêté le livre.

Hunger games Suzanne Collins

Pour ceux qui ne connaissent pas, l’histoire de Hunger Games se passe dans un futur alternatif, des années après que les treize districts de Panem (anciens États-Unis) se soient soulevés contre le Capitole. À ce moment, douze district ont été maîtrisés, le treizième a été détruit. Pour les punir de leur trahison mais surtout pour les dissuader de recommencer, le Capitole a organisé les Hunger Games, les jeux de la faim. Chaque année, les douze districts doivent fournir un garçon et une fille âgés entre douze et dix-huit ans. Ces vingt-quatre adolescents sont alors emmenés dans une immense arène naturelle où ils sont forcés de combattre à mort. Il n’y aura qu’un seul vainqueur. Toute la population est forcée d’écouter les Jeux.

Au cinéma, on offre une vision externe des choses. On voit Katniss se démener dans l’arène, on voit les réactions de la population qui suit les Jeux à la télévision, on voit comment les juges contrôlent tout ce qui se passe sur le terrain: le jour, la nuit, les incendies, les animaux… On ne sait pas ce que pensent les personnages au fond d’eux. On est observateur. Dans le livre toutefois, c’est tout le contraire. La narration étant à la première personne, on est plongé dans les pensées de l’héroïne, Katniss. On ne sait pas ce que font exactement les juges, on se questionne à ce sujet au même titre que Katniss. Et c’est là que réside tout l’intérêt: un film et un livre qui présentent une même histoire sous un angle différent.

C’est pour cette raison qu’on lit Hunger Games. Et aussi parce qu’il nous fournit plus d’explications que le film. Le nœud et le dénouement y sont plus développés. Les personnages y vivent des moments plus difficiles. Dans un livre, on a le temps.

Mais on ne lit pas Hunger Games pour son style: sujet, verbe, complément. Présent de l’indicatif. Parmi les rares figures de styles qui s’y cachent, la plupart sont de grossières comparaisons. Bref, c’est loin d’être riche. C’est donc l’histoire qui porte le livre. Ceci dit, j’ai bien hâte de lire la suite.

 Plagiat? Battle Royale

On m’a aujourd’hui parlé de Battle Royale, roman japonais de Kōshun Takami paru en 1999 dont on a tiré un film en 2001. Certains disent que Suzanne Collins, auteure de Hunger Games, aurait plagié ce roman. J’ai fouiné dans Internet pour en apprendre plus et force est d’admettre qu’il est difficile d’affirmer le contraire. Voici un bref résumé: “Dans un Japon futuriste, les adultes redoutent les adolescents japonais, enclins à la violence et à la désobéissance. D’où le vote de la loi Battle Royale. Le principe de ce « jeu » est très simple : une classe de troisième, tirée au sort, est envoyée chaque année lors du traditionnel voyage scolaire dans un lieu isolé (une île en l’occurrence), sur lequel les élèves doivent s’entretuer, et ce durant trois jours. Il ne doit rester qu’un survivant – faute de quoi les colliers dont sont munis les joueurs explosent -, qui pourra rentrer chez lui à l’issue du jeu.” (Wikipédia) Je ne mets pas les détails ici, mais une lecture rapide suffit pour voir à quel point c’est semblable… et Hunger Games n’est paru qu’en 2008. Enfin, ça n’enlève rien au livre, seulement au mérite de l’auteure.

Mise à jour: Je vous invite à lire le billet que j’ai ultérieurement écrit sur Battle Royale

COLLINS, Suzanne. Hunger Games, Pocket jeunesse