Sixième et dernier volet de la saga des Malaussène, Aux fruits de la passion tient son titre de « Les fruits de la passion”, dans le livre: nom d’une garderie accueillant des enfants de prostituées, des enfants de putes, ici appelés “putassons”. Pennac.
On se demande en ouvrant cet ultime tome qu’est Aux fruits de la passion si le tout sera prévisible, s’il suivra le même schéma… Réponse: non et oui. Bref, le moule est cassé sans être cassé. C’est ce qui amuse, je crois. On se retrouve dans ce même univers qui nous plaît et les péripéties prévisibles (le ciel tombant toujours sur la tête du narrateur) ont bel et bien lieu et c’est ici tout le jeu, le personnage qui s’y préparant fatalement… mais lesdites péripéties nous réservent quelques bons revirements. Bref, ça vaut bien quelque 221 pages de votre temps.
Je ne m’étendrai pas plus sur le sujet puisque je vous bombarde littéralement de billets ces derniers jours et terminerai, encore une fois, sur quelques extraits.
Aux fruits de la passion en extraits
“Ce n’était pas un conteur. C’était un conseiller à la Cour des comptes. Le Petit était encore à l’âge où on place ses espoirs dans l’homonymie; il entendait ce qu’il voulait entendre.” (p. 20)
“Je n’ai pas voulu en voir davantage. Plus la télé vise à la surprise, moins elle surprend. C’est dans sa nature d’estomac; les estomacs n’étonnent jamais, ils digèrent. Parfois, ils refoulent, c’est toute la surprise qu’on peut en attendre.” (p. 92)
“Que Marie-Colbert se calme, son enquête administrative n’y est pour rien, Charles-Henri est mort par la faute des astres et de l’amour, car l’amour tue, comme les jeux de hasard: cette certitude qu’on ne pourra jamais se refaire.” (p. 146)
“Non, je ne pouvais pas. Le soupçon n’est pas mon fort. Si l’humanité m’est suspecte dans son ensemble, j’ai toujours fait crédit aux particuliers.” (p. 158)
PENNAC, Daniel. Aux fruits de la passion, Folio Gallimard, 2000, 240 p.